CHAPITRE XVIII

En fait, le trajet jusqu’à Las Vegas se révèle plus agréable que prévu. Conduire à fond sur une route déserte, en pleine nuit, c’est vraiment relaxant. Tout en gardant un œil ouvert sur d’éventuelles patrouilles de police, je roule à cent kilomètres à l’heure, et bientôt, l’horizon se teinte de la couleur morne des néons qui illuminent la capitale mondiale du jeu. Aujourd’hui, je vais lancer le dé rouge, et j’espère que j’obtiendrai la bonne combinaison d’ADN. À l’est, le ciel se réchauffe déjà. Tout à l’heure, le soleil se lèvera.

Je me gare assez loin de la maison d’Arturo, et je vérifie qu’il n’y a ni agents du FBI, ni flics, ni militaires qui traînent dans le coin. Non, apparemment, tout est calme : le quartier semble encore sous le choc causé par la destruction de la base militaire. En moins d’une minute, après m’être glissée sous la barrière qui délimite le jardin, à l’arrière de la maison d’Arturo, je me faufile à l’intérieur par une fenêtre ouverte. Sur la table de la cuisine, j’aperçois une photo, format carte postale, dans un cadre bon marché : Arturo et moi, un soir où nous étions dans l’un des restaurants du Strip, à Las Vegas. À l’époque où je croyais qu’il était sur le point de laisser tomber son job à la base militaire, et où il me prenait, moi, pour une pétasse. En voyant la photo, je m’arrête, et je commence à l’étudier de près. Les traits d’Arturo me font penser à quelqu’un…

Et soudain, je comprends.

— Arturo est le père de Kalika.

Je suis stupéfaite. D’un seul coup, tout s’éclaire. Les vampires ne se reproduisent pas, que ce soit entre eux ou avec un partenaire humain. Mais dans le cas d’Arturo, il ne s’agissait ni d’un vampire ni d’un homme : Arturo était une sorte d’hybride, produit au Moyen Age, une combinaison entre l’homme et le vampire. Juste avant qu’il ne me trahisse au profit du gouvernement, nous avions passé une nuit ensemble dans un motel de Las Vegas. En fait, j’ai été fécondée avant ma transformation, ce qui, en d’autres termes, signifie que j’étais encore un vampire quand Kalika a été conçue. Pourtant, ma fille est en partie humaine, ce qui explique qu’elle ne soit pas sensible à la lumière du jour. Kalika est le résultat d’un croisement génétique hasardeux : Arturo et moi avons lancé les dés, et c’est peut-être ce qui explique qu’une âme aussi noire que la sienne se soit incarnée sur cette Terre.

Dire que je pensais que Ray était son père…

Avant même d’entendre sa voix, je sens sa présence derrière moi.

— Je m’étonne que tu aies mis si longtemps à comprendre, me dit-il.

Tenant toujours la photo entre mes mains, je me retourne. Ray est là, à moitié dissimulé par la pénombre qui règne dans la pièce. Et ce n’est pas seulement le mystère de la naissance de Kalika qui s’éclaircit soudain… Cependant toutes les prémonitions que j’ai eues récemment, dont certaines restent encore confuses, sont autant de spectres vagues qui refusent la moindre explication logique. Le désespoir le plus absolu m’envahit. J’ai l’impression d’être dans un cimetière plein de brouillard, et de tourner le dos à une pierre tombale, sur laquelle un nom est inscrit en lettres de sang, un sang indélébile. La date de la mort n’apparaît pas encore, mais je sens qu’elle ne va plus tarder. La vérité, je la connais, mais je refuse de la regarder en face.

Sur la pierre tombale, il y a un miroir.

Un miroir recouvert d’une fine couche de poussière noire.

— Tu aurais pu m’en parler, dis-je à Ray.

— Je ne pouvais te dire que ce que tu voulais bien entendre.

Une immense lassitude s’étend à tous mes membres, et une vague de chagrin me submerge. Je ne supporte plus de regarder Ray, qui n’est plus pour moi qu’une espèce de travesti, mais je ne veux pas non plus qu’il s’en aille. Il est tout ce qu’il me reste. Le cimetière imaginaire que j’ai dans la tête est truffé de mines, et j’ai peur qu’en parlant à Ray, l’une d’elles n’explose en projetant sur moi les os d’un squelette.

— Comment es-tu entré ?

— C’est toi qui m’as emmené ici, me répond-il.

— Kalika sait que je suis à Las Vegas ?

— Je ne crois pas, mais c’est possible.

— Tu ne le lui as pas dit ?

— Non.

Reposant la photo sur la table, je tente de me ressaisir. Le cimetière mental que j’ai imaginé disparaît en même temps que la pierre tombale s’effondre. Pourtant, je suis forcée d’admettre que c’est bien dans la maison où Arturo a vécu que je me trouve actuellement.

— Je peux te poser une question ? dis-je enfin à Ray.

Sans quitter la pénombre où il se cache, il réplique :

— Ne me demande que ce que tu es capable d’entendre.

— Mais je veux que tu me répondes.

Ray secoue la tête.

— Rares sont ceux qui veulent réellement entendre la vérité, et peu importe qu’ils soient humains ou vampires. On surestime beaucoup la vérité, et elle est souvent extrêmement douloureuse.

Puis il ajoute :

— Sita, laissons les choses être ce qu’elles sont…

Ma voix est nouée par l’émotion.

— J’ai besoin de savoir une seule chose.

— Non, me prévient-il. Ne cherche pas à te faire du mal.

— Une toute petite chose. Je comprends que tu aies pu me retrouver ici, à Las Vegas : tu m’as donné une explication qui m’a paru logique, mais tu ne m’as jamais expliqué comment tu avais retrouvé ma trace à Los Angeles. Pendant que je venais, toi, tu aurais dû être en train de te transformer en humain dans cette maison, à la cave.

— Il faisait noir, cette nuit-là, rétorque-t-il.

Sa réaction me perturbe.

— Mais il fait noir toutes les nuits…

— Il n’y aurait pas eu suffisamment de lumière dans cette cave.

J’ai pigé.

— On a besoin de la lumière du soleil pour procéder à la transformation.

— Correct.

— Donc, tu es toujours un vampire.

— Non.

— Tu nous as suivis jusqu’à Los Angeles ?

— Non.

— Mais qui es-tu ? Et que t’a donc fait le sang d’Eddie Fender ?

— Rien. Je n’ai jamais touché une seule goutte du sang d’Eddie Fender.

— Mais tu m’as pourtant dit que…

— J’ai menti, m’interrompt-il. Tu voulais que je te mente, tu n’avais pas envie d’entendre la vérité. Tu crois que c’est le cas, mais en fait, il n’en est rien. Laissons le destin s’accomplir, Sita. Si tu veux, nous pouvons tous les deux quitter cette maison, ensemble, et nous pouvons recommencer. Tout peut redevenir comme avant, si tu le désires vraiment. Ça dépend de toi, Sita.

— Tu n’es pas prête à entendre ce que j’ai à te dire.

— Quand serai-je prête ?

— Bientôt.

— Comment le sais-tu ?

— Je sais beaucoup de choses, Mère.

— Pourquoi tout dépendrait-il de moi ? Tu es aussi responsable que moi de ce qui s’est passé.

— Non.

— Arrête de dire non ! Arrête de dire oui ! Explique-toi !

Un long moment s’écoule avant que Ray ne se décide à me répondre.

— Que veux-tu que je te dise ?

Je me prends la tête entre les mains.

— Contente-toi de me dire qui tu es, et pourquoi tu n’es plus le Ray que je connaissais. Et aussi comment tu m’as retrouvée dans le café où nous nous sommes revus.

Je me sens si faible…

— Pourquoi as-tu frappé à ma porte ?

— J’ai frappé à ta porte ? Quand ?

— Ici.

Je montre la porte.

— Tu as frappé à cette porte, là, et tu m’as dit : « C’est moi. »

— Quand ai-je frappé à ta porte ? répète Ray.

C’est vrai, je n’ai pas encore répondu à la question qu’il vient de me poser pour la seconde fois. Il est en train de parler du temps, et moi, je parle de l’endroit… Il faut que je me force à m’exprimer de façon plus claire, afin que Ray comprenne bien ce que je lui demande.

— Tu es apparu aussitôt après que je sois redevenue humaine.

— D’accord.

— Et toi, tu essaies de me faire croire qu’il s’agit d’une coïncidence. Une remarquable coïncidence.

— Tout ce que je suis en train de te dire, Sita, c’est que tu devrais arrêter, et tout de suite.

Je hoche la tête, mais je continue à parler, m’adressant à moi-même.

— Tu prétends que les deux événements, c’est-à-dire ma transformation et ta réapparition, sont liés, et que tu n’es revenu dans ma vie qu’à cause du fait que j’étais à nouveau un être humain, une femme comme les autres.

— Tu brûles…

Je le dévisage.

— Quelque chose m’échappe encore, mais quoi ?

— Tout.

— Mais tu viens de dire que j’étais tout près de la vérité !

— Quand tu lances un dé, la notion de proximité n’existe pas : soit on gagne, soit on perd.

— Quand tu es revenu, qu’ai-je donc perdu ?

— Peu importe ce que tu as perdu, La question essentielle, c’est pourquoi.

— Et maintenant, écoute la musique je vais jouer pour toi sur ma flûte : elle dissipera toutes tes illusions. Quand tu te sentiras perdue, souviens-toi de moi, et tu constateras alors que les choses que tu désires le plus sont précisément celles qui te causeront les plus grands chagrins.

— J’ai toujours désiré deux choses, dis-je en me remémorant les paroles de Krishna. Pendant cinq mille ans, je les ai désirées ardemment : c’étaient les deux choses que Yaksha m’avait prises la nuit où il a fait de moi un vampire. Cette fameuse nuit pendant laquelle il m’a volé à la fois ma fille et mon mari. Je ne les ai plus jamais revus après cette nuit-là.

Ray compatit.

— Je sais, Sita.

La tête baissée, je me fonds à mon tour dans la pénombre.

— Mais quand tu as débarqué dans ma vie, j’ai eu l’impression de retrouver Rama. Et lorsque je suis redevenue humaine, et que j’ai porté ton enfant, j’ai cru que Krishna m’avait rendu Lalita.

Une larme ou deux roulent sur mes joues, et je prends une profonde inspiration.

— Mais rien ne s’est déroulé comme je l’avais prévu. Tout ce dont j’avais rêvé, pendant si longtemps, n’était qu’une illusion. Et cette illusion a causé ma perte.

— C’est vrai.

Relevant la tête, je fixe Ray.

— Ce n’était pas la réalité, lui dis-je.

— Non.

— Les vampires ne se laissent pas berner par leurs illusions, et c’est ce qui m’a permis de survivre pendant toutes ces années, mais la femme que je suis devenue ensuite, elle, ne pouvait pas distinguer le vrai du faux, le réel de l’irréel. J’étais trop faible.

— Tu ne crées que ce que tu veux bien créer. Tu as toujours agi suivant ce principe. Et si tu n’es pas d’accord, tu es libre de t’en aller.

La voix de Ray s’enfle soudain d’une sorte de passion contenue.

— Non, Sita, ne dis rien.

Mais il le faut, pourtant. J’ai l’impression que Ray est transparent : je comprends à présent pourquoi il ne sortait jamais, et pourquoi il ne cherchait pas à faire la connaissance de mes amis ou même à parler à quiconque hormis Kalika et moi. Pourquoi il fallait toujours que ce soit moi qui fasse tout, de mes propres mains. Mes mains étaient la seule paire disponible.

— Tu n’existes pas, dis-je en m’adressant à Ray.

Avançant d’un pas, il sort de la pénombre qui l’enveloppait jusqu’à maintenant. Son visage est d’une fascinante beauté.

— Ça n’a pas d’importance, Sita. Nous pouvons faire semblant de croire que tout ça n’a aucune importance. Sita, je n’ai pas envie de te quitter.

La vie est un calvaire, et j’ai mal.

— Mais tu es mort, Ray.

Il s’approche de moi. Nos deux corps se touchent presque.

— Ce n’est pas grave…

Aucune larme ne jaillit de mes yeux, mais de gros sanglots secouent mes épaules. Il vaudrait mieux que je pleure, pour évacuer ma peine et mon chagrin, et pour montrer que je suis triste à cette silhouette fine dressée devant moi – mon amoureux. Cet amant qui ne peut m’aimer que si je m’estime digne de son amour. Pas étonnant qu’il se soit retourné contre moi quand j’ai moi-même commencé à le considérer comme un ennemi potentiel : le miroir sur la pierre tombale, c’est lui. La poussière noire s’est enfin dissipée, et je me rends compte que j’ai commencé à m’enterrer volontairement dès que je suis remontée de la cave d’Arturo et que j’ai entendu frapper à la porte.

Qui est là ? Ton chéri. Ouvre la porte.

— Je dois refermer cette porte, dis-je d’une voix quasi inaudible.

Ray pose un doigt sur ma bouche.

— Sita.

Violemment, je détourne la tête.

— Non. Tu dois repartir.

— Repartir ? Où ?

— D’où tu viens.

— Mais c’est l’abîme, Sita. Là-bas, il n’y a rien. Je ne veux pas y retourner.

Une légère hystérie commence à me gagner.

— Mais tu ne peux pas rester ici non plus ! Ray, tu n’es même pas un fantôme, tu es pire ! Personne ne peut te voir, tu es invisible ! Comment pourrais-je aimer un être impalpable ?

Il saisit ma main avec force.

— Mais tu me sens, pourtant, Sita. Tu sais que je suis ici, à côté de toi.

J’essaie de me libérer, mais tout ce que j’obtiens, c’est que la main de Ray serre la mienne encore plus fort. D’habitude, j’aurais plaqué cette main sur mon cœur, mais ce geste est désormais impossible : la main de Ray est glacée.

— Non, lui dis-je. Je sais que tu n’existes pas.

Il dépose un baiser sur le bout de mes doigts.

— Tu sens ce baiser ?

— Non.

— Menteuse !

— Le mensonge, c’est toi. Tu n’existes pas ! Comment puis-je faire pour que tu cesses de m’apparaître ?

Mes mots semblent enfin l’atteindre, et je sens que je l’ai blessé — on dirait que j’ai déchiré la texture même de son existence. Pendant les quelques secondes qui suivent, le visage de Ray semble se dissoudre, puis il disparaît complètement, mais juste avant, il prend une soudaine inspiration et ses grands yeux bruns se fixent sur moi. Ray n’est plus seulement un miroir, c’est à présent un hologramme, provenant d’une dimension où les choix ne se limitent pas au temps et à l’espace. Ray est l’ultime maya, l’illusion parfaite. L’amour idéal, à qui mon désespoir avait donné la forme et l’apparence de Ray. Pas étonnant que lors de notre première rencontre, dans le café, il ait été vêtu exactement de la même façon que la nuit de sa mort. Il n’est rien, excepté un souvenir ayant rebroussé chemin, tout droit sorti du tunnel que les êtres mortels empruntent quand ils quittent ce monde. Ray est mort, c’est vrai, mais je lui ai permis de devenir également la représentation de ma propre mort.

On dirait qu’il lit dans mes pensées.

Dans ses yeux, je lis qu’il abandonne tout espoir, mais il répond quand même à la dernière question que je lui ai posée.

— J’étais encore un vampire quand je suis mort, me dit-il. Il faut que tu me tues comme tu le ferais avec un vampire.

Saisissant un couteau sur la table, il le place dans ma main.

— Mon cœur ne bat que pour toi, Sita.

Il veut que j’arrache son cœur… J’ai beau essayer de le repousser, il me tient fermement contre lui, et je sens même son haleine qui caresse ma joue, telle la brise en hiver. Et alors que sa fin approche, je distingue dans ses yeux une étrange lueur, un rougeoiement intense que j’ai déjà aperçu dans ceux de ma fille. Comme s’il connaissait la moindre de mes pensées, il hoche la tête.

— Si je retourne à l’abîme, me dit-il, j’y retrouverai Kali.

Il serre mes doigts autour du manche du couteau.

— Dépêche-toi. Tu as raison, l’amour s’en est allé, et j’ai décidé de mourir. Je veux mourir.

— Tous ceux qui naissent mourront un jour, dis-je dans un souffle.

Ray m’adresse un sourire déjà absent.

— Au revoir, Sita.

Et je lui plante le couteau en plein cœur, tranchant la chair et brisant les os de la cage thoracique. Le sang jaillit à gros bouillons, et gicle sur mes mains, sur mes vêtements, et jusque sur le sol. C’est le sang noir de l’abîme funeste, du vide infini sur lequel règne Kali. Et tandis que j’ôte la vie à Ray, je pousse un hurlement : j’implore Dieu pour qu’il m’accorde sa miséricorde, et le couteau m’échappe des mains pour rebondir un peu plus loin. Quant au sang, il s’évapore instantanément sans laisser une seule trace.

Le cœur de Ray ne bat plus, et son sang ne me souille plus.

Il est parti, mon amour est parti avec lui.

Dehors, le soleil se lève.

Je prends alors le Thermos contenant le sang de Yaksha, que je verse dans la coupe en verre. Dans cette même coupe, je me souviens que j’avais versé un peu du sang de Seymour, mais cette fois, le processus est différent. Je place la coupe au-dessus de la plaque de cuivre et des cristaux, entre les aimants en forme de croix et le miroir brillant destiné à renvoyer les rayons du soleil à l’intérieur du laboratoire clandestin, dans la cave d’Arturo. Puis je m’allonge sur la fine plaque de cuivre, et l’alchimie commence à opérer. Je sens passer sur mon corps tremblant les ondes de cette magie noire, et je me demande un instant quel sera le résultat de l’expérience : quand le soleil se couchera et que le processus sera achevé, que serai-je ? Impulsivement, j’ai rajouté dans la coupe quelques gouttes de sang appartenant au bébé de Paula. Le sang de ce nouveau-né que Kalika convoite par-dessus tout…

Tout ce que j’espère, c’est qu’il me portera chance.

 

Fantôme
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